ATLAN QUIGNARD
- CMT
- 9 juin 2020
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 juin 2020
LA COUPE
Une vieille maison de pierre à flanc de coteau cachée dans une
sapinière, elle apparait au détour du chemin .Une unique porte en bois s’ouvre sur la façade .De vagues traces de peinture bleue la strient. La pluie et le vent se sont unis pour faire disparaitre l’original .La clé accrochée à un clou sur la gauche est rouillée comme les gonds. A l’étage les volets en bois à la peinture délavée claquent sous la violence du vent .Un s’est détaché .Il pend contre le mur.
A quelques mètres derrière la maison et perpendiculairement à celle-ci une vieille grange .De la porte cochère ne subsiste qu’un battant .Des tuiles jonchent le sol .A travers les trous du toit on aperçoit les nuages qui défilent poussés par le vent qui hurle sur ce haut plateau.
Sur les poutres des chauves- souris se cachent et s’envolent à la nuit tombée. D’immenses toiles d’araignées engluées de poussières pendent des murs .Dans un coin une vieille 203.Les roues ont disparu .Il se dégage de ce lieu une impression de désolation, d’abandon, de tristesse.
Est-ce cela qui a séduit ces lycéens provençaux ?
Pour y accéder une seule possibilité, y venir à pied par un étroit sentier qui part de Fayot et qui grimpe à travers les sapins et les feuillus. L’hiver avec la neige le cheminement est périlleux.
Pas d’électricité, pas d’eau, Les habitants vont la chercher à la fontaine quelques mètres plus bas et remontent les seaux lourds à bout de bras. Par temps chaud les jeunes filles s’y lavent, la vaisselle y est faite.
Dès la tombée de la nuit les bougies et la lampe à pétrole diffusent leurs lumières et les occupants lisent, jouent aux cartes et discutent à leurs lueurs vacillantes.
Pour tout chauffage un poêle à bois ou plutôt une cuisinière à l’émail bleu qui fume trop souvent dans la salle du bas qui tient lieu de pièce à vivre.
Le bois, ils le ramassent autour de la maison dans ces espaces boisés de sapins où les arbres morts sont légions .Après que les garçons aient débités et fendus à la hache les bûches, elles peuvent enfin garnir le petit foyer de la cuisinière. Dans son four ils s’essaient à cuisiner des tartes aux myrtilles et oh surprise elles cuisent sans brûler et sont délicieuses. Il y a en permanence sur celle-ci une bouilloire qui chauffe en prévision du prochain thé et la marmite de soupe qui frémit la journée durant.
Une longue table rectangulaire, deux bancs et un vieux vaisselier voilà tout le mobilier qui était là quand ils ont débarqué avec leurs 18 ans et leur envie de vivre différemment.
Ils ont simplement nettoyé, lavé, cloué les planches qui manquaient et ajusté les pieds de la table bancale.
C’est une bande de copains, les poteaux comme ils aiment s’appeler entre eux, qui a investi cette vieille masure au nom de la Coupe.
A une autre époque elle était habitée par des charbonniers qui produisaient du charbon de bois dans de grands fours circulaires .Des traces subsistent dans la forêt. .
Claire
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